Enquête sur Simon Rikatcheff

Publié le 14 Janvier 2015 par Jean-Paul Ancier

Catégories : #Dictionnaire

Au départ, j’ai voulu rendre hommage à mon grand-père maternel (projet personnel très ancien).

Au terme, provisoire, de cette enquête, de ce parcours initiatique, beaucoup de travail, pas beaucoup de recul.

Beaucoup d’inconnu subsiste. Peut-être connaîtrons-nous un jour tel ou tel aspect de sa vie durant la Grande Guerre et juste après ?

Les suppositions et les interrogations viennent.

Sur une photo, on le voit tenant un vélo : agent de liaison ? On sait une chose: au sein des régiments spéciaux russes, les agents de liaison étaient dotés de vélos.

L'objectif de l'offensive « Nivelle » étant de percer le front allemand et de se remettre dans un contexte de guerre de mouvement et la 3e Brigade Russe Spéciale intervenant en deuxième échelon pour exploiter les brèches ouvertes dans le front, les soldats russes pensaient logiquement que les vélos leurs seraient utiles ! (merci Marc Bouxin)

« N'a pas participé aux marches (pas d’entrainement), a pris part aux combats (mais participation aux combats) », nous disent ses « Etats des services », cela prouverait qu’il avait bien un, modeste, rôle « administratif ».

Sans doute a-t-il été gazé le 31 janvier 1917.

La question se pose de savoir s’il a continué à se battre ou s’il a été retiré du front pour se faire soigner.

Il a souffert des poumons toute sa vie. Je le sais, je l’ai vu.

Où a-t-il été soigné. A Vannes ?

Il s’est fait volé ses médailles à l’hôpital…

Par ses « Etats des services », on sait qu’il fut titulaire :

- de la Médaille de St Georges de 4°classe le 13 aout 1916.

L’ordre impérial et militaire de Saint-Georges, martyr et victorieux, est un ordre russe qui récompense exclusivement les mérites militaires. Il est institué Catherine II, en 1769 pour récompenser officiers et soldats.

- de la Médaille de bronze clair en commémoration du 3° centenaire de la maison des Romanoff (NB: 1913).

Sur une photo, on en voit une troisième :

- la médaille commémorative de la campagne patriotique de 1812. Simon Rikatcheff est affecté en 1912 au 85° régiment d’infanterie de Vybord (g) qui s’est illustré contre Napoléon 1er lors de la campagne de Russie… en 1812 !

Ensuite qu’est-il devenu ? Tout au long de 1918 et d’une grande partie de 1919 ?

Simon Rikatcheff a été "soldat russe en détachement agricole à Ancier" comme l'atteste la "pièce pour tenir lieu d'acte de naissance" délivrée le 22 février 1923 par la mairie d'Ancier.

D’ailleurs, le 5 avril 1919, une note de service, datée de Saint-Dié, émanant de la IV° Armée, "Compagnie des travailleurs russes", est adressée aux "soldats russes qui demanderont à rester en France et à y être démobilisés...". Ils devront indiquer:

. leur profession,

. l'emploi sollicité,

. le nom et l'adresse de l'employeur...

. la localité où l'intéressé désire se fixer,

. la justification de leur mariage s'ils ont épousé des françaises ou des Alsaciennes.

NB- La France vient de "récupérer" l'Alsace et la Lorraine (allemandes depuis la guerre de 1870).

(Note de service)

La "pièce pour tenir lieu d'acte de naissance" délivrée le 22 février 1923 par la mairie d'Ancier contient une autre information capitale.

Le 2 décembre 1919 a été célébré à Ancier, le mariage de Marie Eugénie Bonnaventure et de Simon Rikatcheff, soldat russe "en détachement agricole".

Un an après la fin de la Grande Guerre.

Deux filles naîtront: Odette et Simone Marie, le 3 février 1925.

(pièce pour tenir lieu d'acte de naissance)

Le 3 février 1920, une carte d'identité, est délivrée à Simon Rikatcheff, de nationalité russe, par la Préfecture de Haute-Saõne.

Il est précisé qu'il est né le 1° septembre 1891. Erreur. Simon Rikatcheff est né le 31 juillet 1891 au village de Kourino, commune de Samokroje, gouvernement de Novgorod (Russie). Il est fils de Dimitrius Rikatcheff et de Marina Pronsakowa, époux "et cultivateurs domiciliés au même lieu".

Sa femme, Marie Eugénie Bonnaventure est née le 19 aout 1890 à Ancier(70.

Dans le document, il est précisé:

. Les références en France: "le Colonel Simenoff, demeurant à Laval (la fameuse base russe de Laval).

. Dernier domicile à l'étranger: "Kourino, Russie".

. Précédents séjours en France: "avec l'Armée Russe". Mais ça, on le savait.