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LA 1ÈRE BRIGADE RUSSE SPÉCIALE (BRS)- 2- LE VOYAGE MOSCOU- MARSEILLE

Publié le par Jean-Paul Ancier

Le 3 février 1916, commence alors, sous la neige l’aventure de la 1ère Brigade Russe Spéciale. Elle se met en route, depuis Moscou pour le 1er régiment et depuis Samara pour le 2ème régiment. Les deux régiments vont entamer un périple d’environ trois semaines, traversant en train l’Empire Russe des étendues glacées de la Sibérie jusqu’aux côtes du Sud de la Mandchourie, territoire japonais depuis la guerre russo-japonaise (1904-1905), soit un périple de 6500 km

(L'Illustration n°3818 du 6 mai 1916- Collection JPB)

(L'Illustration n°3818 du 6 mai 1916- Collection JPB)

Au départ de Samara, les hommes de troupe montent dans des trains à marchandises, nommée « Teplouchkas » alors que les officiers empruntent un vieux « Pullman » 2ème classe. Les wagons serviront aux hommes et officiers d’habitat pendant une vingtaine de jours allant des rives de la Volga jusqu’au port de Daïren.

Le transsibérien ( voie ferrée qui relie Moscou à Vladivostok sur 9 288 km) les transporte via Tchéliabinsk - Omsk - Krasnoyarsk - Irkoustsk - le sud du lac Baïkal (traversée en ferries) - Kharbing (ou Harbin) en Mandchourie.

Rappel: Daïren en japonais = Dalny, en russe = Dalian, en chinois!!!

(L'Illustration n°3818 du 6 mai 1916- Collection JPB)

(L'Illustration n°3818 du 6 mai 1916- Collection JPB)

Depuis 1896, la Russie avait obtenu de la Chine une concession pour la construction et l’exploitation d’une ligne de chemin de fer traversant la Mandchourie à partir de la ville carrefour de Harbin jusqu’à Port Arthur. Après 1905, cette concession a été reprise par le Japon, puissance occupante mais alliée de la Triple-Entente en 1914.

A Irkoustsk, le train s’arrête deux jours avec des températures glaciales à –53°C. Les hommes peuvent alors se réchauffer dans un restaurant où ils étonnent par leur mode de paiement: de la poudre d’or. En effet, un chèque du Crédit Lyonnais payable au porteur pour la somme d’un million de francs-or était alloué au 2ème régiment afin de couvrir les frais de représentation de celui-ci.

Le train fait une halte également à Kouantchédzé, aux confins de la Mandchourie, afin de prendre un train japonais. Le confort de ces derniers semble être un peu plus précaire, les wagons étant froids et sans feux. Les officiers, malgré leur voiture américaine se retrouvent également dans des wagons glaciaux et inconfortables.

La traversée du territoire japonais impose quelques contraintes et notamment l’obligation pour les officiers de descendre 3 ou 4 fois pour être reçus par des officiers japonais. Les japonais avaient pris toutes les mesures nécessaires pour cacher le convoi aux espions allemands. D’ailleurs, il était interdit aux soldats d’ouvrir les portes des wagons ainsi que de montrer leur tête à la lucarne.

Le 28 février 1916, la Brigade arrive à Daïren. Le 1er régiment est le premier à lever l’ancre le lendemain avec deux navires: le « Latouche-Tréville » et « l’Himalaya ».

Ces navires les mèneront des rives froides de la mer de Chine aux fournaises de l’Océan Indien puis à la Mer Rouge. Quelques escales leur permettent d’entr’apercevoir des territoires et peuples peu connus comme Saigon, Hong Kong et Singapour. Après les températures extrêmes du Canal de Suez, la Méditerranée est plus clémente. Après 50 jours d’aventures, le premier régiment voit se dessiner à l’horizon les côtes de la France.

(Départ de Dalny, le 15 mars 1916- L'encyclopédie des Messageries Maritimes-  Collection Michel Thouin.)

(Départ de Dalny, le 15 mars 1916- L'encyclopédie des Messageries Maritimes- Collection Michel Thouin.)

Le 2ème régiment quant à lui ne part que le 28 février 1916 (ou le 15 mars) de Daïren avec le « Sontay » (paquebot mixte de 12 000 tonnes). Il traverse la Mer Jaune jusqu’au détroit de Formose, Tchossima et s’arrête à Singapour le 9 mars 1916 où il défile avec une chaleur insupportable. L’escale se prolonge, la troupe attendant les torpilleurs russes qui doivent la convoyer car la rumeur court que les Allemands prévoyaient une attaque pour les envoyer par le fond.

Le régiment obtient des informations sur le conflit en France et notamment sur la Bataille de Verdun. Leur existence sur le paquebot est peu active de par la lourde chaleur inhérente à ces latitudes. De 6H à 8H du matin, des exercices oraux s’effectuent de même que l’école du soldat. Puis, dès 8H du matin, les activités sont arrêtées.

Le 2ème régiment fait également escale dans la baie de Nicobar à mi-chemin entre

Singapour et Colombo. Il s’arrête à Colombo le 19 mars 1916 où une foule acclame les soldats.

Après sept jours de fournaise dans la Mer Rouge, le « Sontay » entre dans le Canal de Suez. Le navire doit attendre trois jours dans le lac Ismaïl en compagnie du «géant» navire « ville de Paris », transformé également en transport de troupe. Cette attente est due à la crainte d’une attaque turque. Enfin, le « Sontay », convoyé par trois torpilleurs français rentre en Méditerranée.

Le 15 avril 1916, il entre dans le vieux port de Marseille et les hommes sont dirigés vers le camp Mirabeau où le 1er régiment les attendait.

(Escale à Saïgon du Latouche-Tréville- « Le Corps Expéditionnaire Russe en France et à Salonique 1916-1918 » de Gérard Gorokhoff, Andrei Korliakov (édition YMCA-PRESS, 2003).

(Escale à Saïgon du Latouche-Tréville- « Le Corps Expéditionnaire Russe en France et à Salonique 1916-1918 » de Gérard Gorokhoff, Andrei Korliakov (édition YMCA-PRESS, 2003).

(L'Illustration n°3818 du 6 mai 1916- Collection JPB)

(L'Illustration n°3818 du 6 mai 1916- Collection JPB)

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A
très intéressant , tu as beaucoup de détails!
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